Ancienne traductrice-relectrice, je corrige les fautes d'orthographe, partout, tout le temps, en pensée ou au clavier. Je repère les espaces doubles, la ponctuation approximative, les anacoluthes et les zeugmes, et je grommelle intérieurement. C'est encore pire pour tout ce qui est traduction : je repère les calques paresseux de tournures anglaises, je tombe sur une phrase bancale et je n'ai de cesse d'avoir trouvé quelle était la formulation d'origine et comment il aurait fallu la rendre. Ça peut me gâcher une lecture, même si je dois dire que les traducteurs littéraires font plutôt du bon boulot.
Quand j'ai une idée en tête, je la « tape » : mon cerveau mime le mouvement de composer au clavier les mots qui me préoccupent. Les doigts ne bougent pas, ou alors d'un quart de millimètre, mais si on me passait au scanner, on verrait s'activer les zones de commande de la manipulation fine, j'en suis certaine !
En complément ou en alternative, c'est mon autre métier qui peut se manifester : les mots vont trouver une concordance dans ma base de données interne de paroles de chansons. L'ennui, c'est que tout mon répertoire n'est pas classé « tous publics ». Si quelqu'un évoque un curé, il n'est pas improbable que je me surprenne à siffloter, tout à fait inconsciemment, l'air de celui de Camaret. Il y a des contextes et des circonstances où c'est… malvenu.